(RE)
connaître
(RE)
connaître
artiste plasticienne
Mes recherches portent sur la mémoire, la trace.
Inspirée par les espaces habités, les objets de souvenirs, tirés de mes propres photographies, fétiches ou dessins, j’explore cette possibilité d’une autre dimension. J’en prélève les empreintes, ce qu’il reste d’un passage, jouant avec les motifs issus de détails graphiques, parfois organiques et que j’utilise comme dispositifs à l’apparition d’un étrange entre-deux.
Travaillant souvent en série, je m’approprie ces sujets via différentes techniques, le fusain, la mine graphite, la peinture, le papier arraché ou froissé… J’use des contrastes entre les matières. Ainsi s’ébauchent de nouvelles perspectives, d’autres formes apparaissent, d’autres mondes.
Ce qui m’intéresse est ce qui émerge de l’effacement, de l’apparition/disparition, quand le médium capte l’indicible et le révèle.
Traquant les détails, détournant les photos, reformulant les contours jusqu’à épuisement, j’aime dessiner la lumière, donner du mouvement aux images par le trait, les jeux de clairs obscurs, de déformations.
Faire danser les ombres, c’est traverser le temps.
Analogie de la métamorphose, l’entre-deux est cette part de mystère qui surgit dans un lieu, un objet, un corps. C’est un moment suspendu, l’infime trace d’un passage où j’aime m’aventurer et peut-être voir surgir une présence, un ailleurs.
Giulia Pentcheff
Pour l’exposition Qriosa, 2019, Galerie Alexis Pentcheff
« Les dessins et aquarelles de Marie Donnève sont d’un autre imaginaire, d’un autre mystère. L’immédiateté de situation n’est pas de mise dans ces travaux où le passé se lit en strates qui se superposent et s’enchevêtrent pour former des images qui tiennent à la fois du mythe, de l’enfance, de l’inconscient. Ce que l’on ne peut nommer est ici palpable, dans un langage restreint, suggestif, de l’ordre de la réminiscence. Ses « bêtes de sexe », créatures hybrides, étranges et fascinantes, s’imbriquent comme un seul corps, à la fois humain et animal, à la fois terrestre et chimérique, la dualité finissant par se fondre dans l’acte. Où commence le corps de l’autre et quels sont ses contours? Que partageons nous de son esprit dans ce jeu charnel et à quel point s’y cherche-t-on soi-même? Telle semble être la profondeur des enjeux de ces petits carrés dessinés, mine de rien. Quant à l’œuvre tirée de la série des lits, son papier arraché comme une image qu’on aurait trop manipulée, un souvenir trituré, sans cesse repassé dans l’espoir d’y trouver… d’y trouver quoi ? que poursuivons-nous que nous savons pourtant fugitif, éphémère, impossible à ressusciter… Dans cette vaine quête, Marie Donnève et sa chambre fantomatique s’adressent à notre incorrigible sensualité. »
Raoul Hébréard
Artiste, Extrait du texte “Excursions intérieures”, 2017
« Marie travaille le fusain avec une grande maîtrise, le charbon à force de superposition se transforme en une matière épaisse et lustrée qui dialogue avec la transparence du charbon à peine posé. Ces différents noirs témoignent de la rigueur de composition de ces pièces d’intérieur (chambres, salles d’attente, boudoirs etc..). Ils s’emparent de l’espace et l’organisent comme si chacun des éléments de la composition se transformait en objet-sculpture. Chez Marie, certains de ses dessins sont à la limite du fantastique et de l’absurde, il semble impossible de les associer à ses vues d’intérieurs, je pourrais même parler de deux mondes presque antagonistes et pourtant c’est dans la globalité du travail, dans la réunion de ces différences que l’étrangeté de son monde se laisse capturer et qu’elle a trouvé les passerelles indicibles pour les réunir. C’est à chacun de nous de tisser les liens entre toutes ces séries, pour découvrir nos propres interrogations. »